Le blog de Luc - Critique de vins et restaurants

J'ai une affection particulière pour la Loire, ce grand fleuve sauvage né en Ardèche et dont la personnalité trace son sillon avec beauté et authenticité au travers des régions de France.

Au sud d'Angers et à l'ouest de Saumur, deux de ses affluents, le Layon et l'Aubance enserrent quatre des plus grands vignobles du Val de Loire : le Quarts de Chaume, le Bonnezeaux, les Coteaux du Layon et les Coteaux de l'Aubance.

Ces blancs 100% Chenin - j'ai peu d'attention pour les rouges de la Loire à quelques belles exceptions près dont le Saumur - éclosent ici au milieu de la rosée et des brumes nocturnes et matinales de Layon et d'Aubance. Le botrytis cinerea - champignon issu de la pourriture noble - y trouve un berceau douillet et vient magnifier un cépage tout à son avantage dans ce terroir où l'humidité de la nuit ne perdure jamais. Le moelleux est roi et bien construit dans ce pays. La garde n'effraie pas ces grands vins qui n'ont rien sacrifié au goût saturé de bien de nos contemporains.

Leur classe naturelle assure une expression grasse, enrobée, épanouie, gourmande et longue en bouche.

La cuvée Emma est élevée tout près de Bonnezeaux à Chassagnes-les-Eaux. Elle est grandiose sur le moelleux, la douce rondeur, l'expression d'arômes subtifs sur une structure pleine et large. L'amende, l'abricot, les fruits exotiques et le coing se fondent avec délice. Le nez est porté sur les épices poivrées, la bouche sur les fruits compotés.

Ma note : 7,5 à 8/10 pour ce très beau Coteaux du Layon.

Contact :

EARL Joselon

Adresse : Les Oisonnières - 49380 Chavagnes les Eaux
Tel : 02.41.54.13.98
Fax : 02.41.54.13.98

Médailles du domaine :

Médaille : Or
Rosé de Loire - 2005 (Rosé)

Médaille : Bronze
Rosé de Loire - 2006 (Rosé)

Médaille : Bronze
Anjou - 2006 (Rouge)

Chateaubriand doit s'en amuser depuis son tombeau. Il n'est plus seul au milieu des flots, et le poète accueille certainement quelques fioles de bon nectar avec bienveillance.
Dommage que ces bouteilles soient de simples "Anjou village", mais les amateurs s'en sont régalés faisant mouche sur chaque dégustation à l'aveugle.
Les rouges immergés semblent connaitre un vieillissement plus lent tandis que les blancs développent plus - ce qui n'est a priori pas un avantage - les arômes transmis par leur barrique d'élevage.

L'expérimentation d'un an ayant été concluante, les manoeuvres ont pris de la solennité avec l'enfouissement en domaine marin de 300 bouteilles de Bourgogne blanc et la même quantité de Crozes-Hermitage - rouge - avec fermeture des goulots à la "cire dure".

La baie aux plus grandes maréees d'Europe "masse le vin" à 15 km/heure - 8 noeuds - et lui apporte une protection UV optimale, une température stable - entre 9 et 12 degrés toute l'année - et un taux d'hygrométrie parfait.
Ce massage serait, selon les amoureux de la mer et du vin à l'origine du projet, responsable de la relative jeunesse des vins en sortie de mer et de leurs arômes plus arrondis.

A quand le vieillissement en orbite géostationnaire autour de la terre ?

François René, je vous dédie cette note.

Date de la première dégustation : 10 juin 2007

La Rochelle héberge dans ses arcades et pavés un havre de passion du vin. "Terre et Vendanges", créée par Marion Doumeizel, une jeune professionnelle qui a fait ses armes en Fance et aux Etats-Unis - Nappa Valley -  est une cave boutique dédiée aux produits biologiques et français.

Marion est convaincue que la vraie différence, les vins français la font et la feront de plus en plus sur leur authenticité, leur goût du travail naturel et de l'effort. Pour s'écarter clairement des vins "fabriqués" artificiellement à coup de copeaux et autres manipulations arômatiques douteuses observées à l'étranger, elle ne sélectionne que des vins issus d'une agriculture certifiée biodynamique ou biologique.

Elle m'a conseillé ce très beau Muscadet vinifié sur lie - produit des levures de fermentation -, conçu sans chaptalisation et mis en bouteille par gravité sans filtration. Quelques petits dépôts en attestent. Comme un bon muscadet sur lie, il est gras et rond - disque large -, alliant merveilleusement minéralité et fruité sec sur des tons francs citronnés - pamplemouse en soutien - et d'amade verte. Le melon de bourgogne se plait sur l'appelation Muscadet Sèvre et Maine non loin de Nantes, à la Haie-Fouassière entre Saint-Fiacre sur Maine et La Chapelle-Heulin. Le sous-sol, composé de roches métamorphiques apporte au cépage sa minéralité et sa saveur iodée. Le nom "amphibolite" désigne ces roches éruptives du massif armoricain. Les influences du littoral et de la Loire assurent à la vigne un environnement climatique relativement stable.

Une cave à visiter, une passionnée à rencontrer, un muscadet à sentir et à toucher ; il ne vous reste plus qu'a choisir vos huitres, crabes ou langoustes pour accorder votre palais aux belles pierres de La Rochelle !

Ma note : 8,5/10 pour cet excellent muscadet.

Contact : Terre et Vendanges

Marion Doumeizel

31, rue Saint-Nicolas

Tel : 0546411444

Fax : 0546345361

La région d'Amboise et Touraine est marquée par les grands rois - leurs châteaux et domaines - et le plus célèbre de la région est le Prince de la Renaissance, François 1er qui vécut quelques temps à Chambord et où il reçut Charles Quint. Il lui fit sans doute découvrir la réalisation de son protégé - Léonard de Vinci - le fameux escalier à double révolution du château aux 426 pièces (Chambord).

Léonard s'installa à la demande de François 1er au manoir du Clos-Lucet près d'Amboise et l'on sait que le roi avait à cette époque fait entrer le vin de Touraine-Amboise à la cours. Mais c'est bien au goût subtil de Louis XI que l'on doit - en 1463 - l'élévation de cette appellation au rang de premier vin du marché de Tours.

Au terme de votre visite à Chambord, pourquoi donc ne pas visiter la cave de Serge et Pascal Bonnigal à Limeray, avant de passer une nuit douillette et très cosy au Fleuray à Cangey ?

Serge ou Pascal vous accueilleront pour une dégustation au coeur de leur cave creusée sous les vignes, dans le tuffeau blanc et réchauffée au sarment ou au poteau de vigne chargés dans une vaste cheminée.

Les propriétaires, passionnés, sont producteurs récoltants. La gamme s'étale sur les trois souleurs de l'appellation : gamay, côt et cabernet en rouge et rosé, chenin -ou pinot de la Loire - en blanc.

J'ai sélectionné - contre mes goûts dominants, marque de ma tolérance.. - un moelleux très réussi du Domaine de la Prévôté. Conditionné en bouteilles de 500 ml - compter 12 euros la bouteille - ce nectar de fête est, en millésime 2003, marqué par une attaque légèrement fraîche d'agrumes qui laisse la place à des tons amples de miel tenus et tendus par des saveurs arrières d'amandes.

De corpulence équilibrée, il est souple et fin, un parfait accord sur le roquefort en apéritif ou sur une fin de repas en lien vers le dessert. Le fois gras sera égalment à son aise avec ce vin de prestige doré.

Ma note : 7,5/10 pour ce Touraine Amboise de gala, séducteur et enchanteur.

Contact :

Serge et Pascal Bonnigal
17 rue d'Enfer
37530 LIMERAY
Tel : 02 47 30 11 02
Fax : 02 47 30 11 09 
bonnigalprevote@wanadoo.fr

http://www.domaineprevote-vigneron.fr/

Je poursuis mon périple dans cette belle "Loire Valley" comme disent les anglais, à une quarantaine de kilomètre au sud-est de Tours. Un effort pour s'ouvrir aux rouges que je ne saisis décidément pas ici.

Chinon, ville historique attachée au personnage de Rabelais, quoique connoté Loire est bien au bord de la Vienne en amont de sa confluence avec la Loire.

Le cabernet franc - issu des terroirs du pays basque espagnol - y est roi, autrement appelé breton ou berton, est préféré au cabernet sauvignon pour des raisons de mûrissement et d'adaptation.

La cuvée vieilles vignes de Fabrice Gasnier est un 100% cabernet franc travaillé sur des raisins de vignes de 45 ans d'âge en moyenne élevés après macération dans des tonneaux - en fait cuves - de bois pendant 6 mois avant mise en bouteille.

Sa robe rouge cerise laisse augurer d'un vin ouvert et généreux, que j'ai dégusté sur un pavé d'autruche - élevage local - avec plaisir mais sans émerveillement. Un vin simple, sérieux sur des tons fruités, mais sans regain de classe.

Potentiel de garde important, mais est-ce vraiment utile ?

Ma note : 5 à 5,5/10 pour un rouge de Loire décoré mais loin de mes goûts.

Récompense et médailles:

Millésime 2004:
Médaille de Bronze au Salon des Vins de Chinon

Millésime 2003:
Médaille d’Argent au Salon des Vins de Chinon

Millésime 2001:
Liger d’Argent au Concours des Vins du Val de Loire

Millésime 2000:
Lys d’Or au Concours Interloire
Liger d’Argent au Concours des Vins du Val de Loire

Millésime 1999:
Médaille de Bronze au Salon des Vins de Chinon

Millésime 1997:
Liger de Bronze au Concours des Vins du Val de Loire

Millésime 1996:
Liger d’Argent au Concours des Vins du Val de Loire

Millésime 1995:
Liger d’Or au Concours des Vins du Val de Loire
Liger de Bronze au Concours des Vins du Val de Loire

Coordonnées :

Vignoble Gasnier
Jacky et Fabrice
Chezelet
37500 Cravant-les-Coteaux
France info@vignoblegasnier.com
Tél.: 02.47.93.11.60
Fax: 02.47.93.44.83

Des vins de Loire, je privilégie les blancs, secs d'abord, avec la légendaire Coulée de Serrant, de Nicolas Joly ou encore les fameux Muscadets Sèvre et Maine sur Lie AOC du sud de Nantes, moelleux ensuite, avec les Bonnezeaux, Coteaux du Layon et autres Vouvray.

Ce Vouvray signé François Pinon est issue d'une belle année de soleil favorable à la montée en sucre du Chenin, ce beau cépage élevé sur les bords de la Brenne et de Cisse qui se rejoignent à Vernou-sur-Brenne à quelques encablures de la Loire sur la frontières des fameux terroirs de Montlouis et de Vouvray.

Les tuffeaux - ceux-là même dans lesquels sont taillées les caves troglodytes du domaine - recouverts de silex et d'argile donnent au Chenin un support idéal à l'expression des arômes compotés de coing, de fruits exotiques et d'agrumes, ainsi qu'aux flaveurs d'acacia et d'épices.

L'expression moelleuse déambule sur votre palais comme sur un fils à l'extrême équilibre entre plaisir sucré et saturation. Caractéristique des grands vins, il manie avec élégance sa barre d'équilibre : une belle acidité.

Ce vin est magnifique en apéritif, sur un fois gras ou une entrée sucrée / salée. Il se sublimera également sur un beau roquefort en fin de repas, avant un moelleux au chocolat par exemple.

Ma note : 8/10 pour ce beau moelleux sans doute trop envoutant, voire "envahissant" pour mon palais. Une bonne idée pour les fêtes qui approchent. Sa robe dorée étincellante est d'une rare élégance. Servi à 12°C, il perlera d'une fine buée sur les parois des verres et semblera paré de sa toison de soirée.

Etendue des domaines :

Situation : à 10 km en amont de Tours sur la Loire 

Vouvray : 2200 ha

Montlouis : 500 ha 

Etonnant, ce val de loire de garde !

Jacques Pareuil, ancien directeur financier de Ford France est manifestement un homme passionné et adepte du travail bien fait. Sur ses 15 hectares du château de Berrye, il réussit à produire des vins de belle qualité et - exploit - à me rendre le saumur sympathique.

15 ans ne font pas peur à ce millésime et effectivement, dégusté à 7, il semble très en forme et vigoureux en arômes. Ce Cabernet Franc et Cabernet Sauvignon a grandi sur un sol argilo-calcaire et tuffeau conservateur.

Le tri manuel explique la rare finesse de ce saumur dont l'équilire et l'homogénéité de la structure sont exceptionnels.

Le nez est concentré sur les fruits noirs - cassis, pruneaux et cerises bien noires - et très animal (musc). La bouche est fumée, les tanins très astringents accentuent un goût de terre qui semble rappeler le terroir argilo-calcaire et le parfum animal. C'est d'ailleurs le principal obstacle des vins rouges de la loire à mon goût.

La finale profite d'une bonne acidité et révèle un vin de bonne garde. Enfin, vous observerez un beau dépôt caractéristique d'un vin issu de la viticulture "raisonnée et contrôlée".

Ma note : 6/10 pour un vin de Loire bien fait.

Récompenses de l'A.O.C. Saumur Château de Berrye de Jacques Pareuil, Propriétaire Récoltant :

1993
Grand Prix d'Excellence
Concours des Vinalies

1996
Liger d'Or au concours des
Vins de Loire

2000
Deux Etoiles
au Guide Hachette

Nous sommes en pleine saison de fruits de mer et vous dégusterez comme moi avec bonheur une douzaine d’huîtres de l’étang de Thau ou bien Normandes avec un très bon Muscadet. J’insiste sur le « Très bon » car le Muscadet est assez pollué par sa médiocrité globale et il vaut mieux en général se le servir très frais car une fois que la chaleur d’ambiance libère le vin, elle libère le meilleur mais souvent aussi le pire.

Ici, pas d’inquiétude. Je vous conseille un très bon Muscadet avec un excellent rapport qualité/prix : le Clos du Petit Château de Sèvre et Maine vinifié sur Lie et issu de vieilles vignes est un vin à la fois équilibré et tonique.

Très énergique sur les tons classiques de pomme, tilleul et un zest de citron, sa teneur alcoolique et sa charpente ronde et onctueuse en font un vin très adapté aux fruits de mer et qui se prête à la dégustation. Le principe et la particularité du Muscadet sur Lie proviennent du fait que ce vin est laissé en fût un hiver sans tirage et peut ainsi s’affiner au contact de sa lie. L’excès de gaz carbonique assure au vin sa fraîcheur d’arôme et lui confère un « perlant » particulier.

Ma note personnelle : 7/10.

Ah le Bonnezeaux !

Un enchantement, sa majesté des Vins moelleux de la Loire à robe intensément dorée connaît ses lettres de noblesse en 51 en devenant AOC. Ce vin de Maine-et-Loire borde le Layon à Thouarcé.

Plus fin, plus riche en saveurs et complexité – à mon goût - que le Coteaux du Layon, ce Chenin intégral est récolté tardivement pour profiter de la pourriture noble ou « botrytisation ». Les brouillards matinaux favorisent l’apparition d’un champignon naturel, le « Botrytis Cenerea », qui perfore très finement la peau des grains de raisin permettant ainsi l’évaporation d’une partie de l’eau qui les constitue au soleil de la journée et la concentration des sucres dans la pulpe du raisin.

La vendange, manuelle et répétée jusqu’à maturité de tous les fruits, préserve la grappe tardive et assure une qualité homogène et exceptionnelle.
Vous penserez au Tokaji de Hongrie, aux vendenges tardives de Gewurztraminer et à certains autres grands vins moelleux. Mais le Bonnezeaux est suprême et très confit, avec des tons cuir et fumés. Un très grand vin aux alentours de 30 euros les 50cl. Un peu cher, mais il le vaut !

Ma note personnelle pour ce Château la Varière 2001 : 8,5 à 9/10.

A garder très longtemps, jusqu'à plusieurs dixaines d'année... hummmm.... la patience fait des merveilles...

Voilà incontestablement une des stars du Val de Loire, comme je l'ai déjà dit dans ma précédente note sur les Val de Loire du 27 octobre présentant mon podium dans cette région.

Vous me direz que ce vin plait aux femmes et les esprits chagrins ajouteront que les liquoreux jouent la facilité. Certes, à côté d’un Bonnezeaux qui rivalise aisément avec un Tokaij de Hongrie, nous sommes dans un registre plus classique mais à chaque vin sa marque, sa personnalité, ses atouts. Les Coteaux du Layon n’en manquent pas et me ravissent toujours qu’ils soient jeunes ou vieillis (jusqu’à 10 ans et plus).

Le Chenin blanc produit avec un faible rendement (37 hl/ha maximum) un vin de grande qualité qui enchantera vos apéritifs ou dîners de fête aux côtés d’un bon foie gras ou d’un plateau de fromages.
Les deux que je vous présente en photo sont corrects mais pas exceptionnels (5 et 6 /10).

Si vous avez la chance d’en trouver, je vous conseille mon préféré :
Jo Pithon - Côteaux du Layon 96, un chef d'oeuvre
Ce coteaux du Layon Anjou est le meilleur que je connaisse – 30.40 € quand même...

Ma note personnelle : 9/10